Certes le bilan d'un élu provincial de terrain est-il lucide (voir la quatrième de couverture et l'extrait cité de l'introduction). Force est de constater, selon l'auteur, que la gauche est devenue le "camp du bazar" (p.17), "des bobos des métropoles" (p.19), "des donneurs de leçons et d'interdits" (p.22), et celui "de la paresse" (p.26). Résultat : "Si nous collons à la plupart des aspirations des habitants du coeur des métropoles et des quartiers populaires, on est complètement à côté de la plaque du côté de la ruralité et de la France dite "Périphérique"" (p.76). Pour autant, les pistes de reconquète des campagnes par "la gauche" sont moins convaincantes : une "utopie nouvelle" de "repeuplement des campagnes" (p.79) avec un "exode urbain souhaité", à "rendre possible" (p.95). Sur la base d'un pari de la "renaissance rurale" (p.75) plutôt passé de mode depuis qu'elle était déjà obervée par Bernard Kayser à la fin des années 80, et même relooké récemment en "revanche des villages" par certains. Seconde faiblesse : l'assimilation fréquente entre gauche et PS. Sous l'égide de la fondation Jean Jaurès et édité par les éditions de L'aube, "éditeur engagé", on voit d'emblée de quelle gauche il peut s'agir : du seul PS. Chassez le naturel, il revient au galop Assurément le temps de la "gauche plurielle" est-il passé, et sans doute celui de la NUPES aussi. Mais de là à fantasmer sur celui d'un retour à l'hégémonie PS sur la gauche, et comme réincarnation de toute la gauche, n'a rien d'évident ni de très crédible. Troisième faiblesse : la confusion permanente entre rural ou campagne(s), comme antithèse de la ville, parfois ciblé comme l'urbain métropolitain. Mode de la "ruralité" censée contrebalancer les villes métropolitaines. Mais ignorance presque totale des réalités périurbaines. Enfin, quatrième manque, celui de la prise en compte des éffets délétères de l'intercommunalisation (communes, agglos, métropoles) sur la démocratie depuis les années 2000, tout spécialement dans la France périphérique. Plus périurbaine que campagnarde, sauf dans le rural profond de la "diagonale du vide". Pourtant les symptômes sont-ils évoqués au cas par cas, mais sans en déceler l'origine commune : dépolitisation (p.45 et 49), abstention, déconnexion des problèmes du quotidien (p.47-49), complexification du mille-feuilles des collectivités territoriales (p.58). Etc Bref un livre qui passionne sur ses constats, mais pèche et déçoit en revanche sur les pistes de rebond qu'il suggère pour la gauche, dans toutes ses composantes. {{Bonne feuille : }}